Les autres philosophes | Philosophie pour enfants ou adultes: Le sexe des concepts

Le sexe des concepts

Enquête philosophique sur le concept de sexe et le sexe des concepts,
le concept du sexisme et l'inégalité des sexes

Cette action d'accompagnement à la scolarité est une création originale conçue par notre association. Ses objectifs visent notamment à :
  • Sensibiliser à l'importance philosophique de la question du sexe et du genre et de l'inégalité des sexes ;
  • Concevoir le concept d'égalité des sexes et la favoriser ;
  • Questionner et analyser les structures conceptuelles du sexisme (misogynie et misandrie), les concepts de sexe, de genre et le sexe des concepts philosophiques élémentaires et fondamentaux ;
Sa première mise en œuvre, de 2010 à 2014, dans de nombreuses Écoles primaires et Collèges rouennais s'inscrit dans le cadre de la signature par la Ville de Rouen de la Charte européenne pour l'égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. En 2010, les ateliers ont lieu de janvier à mars dans trois classes d'élèves de CM1/CM2 des deux écoles primaires rouennaises Clément Marot et Marie Duboccage. À l'issue de l'action, trois recueils des dialogues philosophiques réalisés par l'association Les autres philosophes sont remis aux 70 enfants y ayant pris part. En 2011, les ateliers ont lieu de mars à avril dans deux classes d'élèves de CM1/CM2 des écoles primaires rouennaises Marthe Corneille et François Villon. À l'issue de l'action, deux recueils des dialogues philosophiques réalisés par l'association sont remis aux 46 élèves y ayant pris part à l'occasion d'un goûter à l'Hôtel de Ville. En 2012, les ateliers ont lieu dans trois classes d'élèves de CE2 et de CE1/CE2 et CM1/CM2 des écoles rouennaises André Pottier, Honoré de Balzac et Saint Joseph. En 2013, les ateliers ont lieu dans une classe d'élèves de CM2 de l'école rouennaise Marie Duboccage. En 2014, les ateliers ont lieu pour la totalité des quatre classes de cinquième du Collège Georges Braque de Rouen, dans le cadre du projet Égalité et genre s’étendant sur toute l’année scolaire 2013–2014.

Dans le cadre du Parcours citoyen clermontois développé par la Ville de Clermont-Ferrand et en coordination avec la Direction de l'Enfance de la Ville de Clermont-Ferrand, une formation en philosophie pour enfants sur la question de l’in‧égalité des sexes et du genre a lieu du 21 septembre au 22 décembre 2017 à destination de l'ensemble des responsables et des adjoints d'accueils de loisirs divisés en quatorze groupes.

Dans le cadre d'Exposciences Auvergne 2018 et en partenariat avec Astu'sciences un atelier philosophie consacré à la question du sexe des sciences a lieu le mardi 20 mars 2018 de 10h15 à 11h15 avec une classe d'élèves de CM1/CM2 de l'école Vercingétorix d’Aubière, de 15h à 16h avec des élèves de troisième du Collège Marc Bloch de Cournon et le mardi 27 mars de 14h30 à 15h30 avec une classe des élèves de cinquième du Collège Jean-Baptiste Desfilhes de Bellenaves.


1ᵉ question : Qu’est-ce que l’inégalité des sexes ?

Pourquoi la question de l'in‧égalité des sexes se pose-t-elle, encore ? Dans quels domaines se pose-t-elle ? Qu'est-ce qui pourrait lui apporter une réponse ? Pourquoi les deux sexes sont-ils in‧égaux ? Comment et pour quelles raisons leur in‧égalité est-elle niée ou affirmée ?
Qu'est-ce que l'égalité ? Qu'est-ce qui distingue l’égal de l’identique, et quelles relations y a-t-il entre eux ? Qu'est-ce qui différencie la parité de l’égalité ? Se distinguent-elles comme deux formes de partage : d'une part, un partage ayant pour principe la distinction ou la différenciation, d'autre part, un partage ayant a contrario pour principe l'indivision et l'indifférence à l'égard des différences ? Autrement dit, un partage instaurant une ou plusieurs séparations entre les parts qu'il partage, et un partage réunissant ou rassemblant différentes parties prenantes dans ou d'un espace indivis qui leur soit commun ?... Le problème politique de l'égalité implique-t-il d'être posé, comme le fait le concept de parité, en terme de sexe, de partage sexué du pouvoir, ou exclut-il au contraire que la différence sexuelle puisse y apporter une réponse ? La persistance de l'inégalité entre les sexes malgré la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen affirmant l'égalité de tous les êtres humains sans distinction de sexe signifie-t-elle pour autant que la dimension universelle de l'égalité ne soit que le cache-sexe du sexe masculin ? Comment l'inégalité de fait remet-elle en question l'égalité de principe et l'égalité de principe l'inégalité de fait ?...



2ᵉ question : Que signifient « masculine » et « féminine » ?

Que signifient les concepts de « masculine » et de « féminine » ? Comment les concepts de « masculine » et de « féminine » sont-ils conçus, à travers les concepts fondamentaux de la tradition philosophique elle-même ? Dans quelles perspectives et dans quels horizons philosophiques, dans quelles structures conceptuelles — comme les distinctions conceptuelles du « particulier » et de l'« universel », du « multiple » et de l'« un », du « deuxième » et du « premier », du « sensible » et de l'« intelligible », de la « matière » et de la « forme », du « passif » et de l'« actif », de l'« existence » et de l'« essence », du « corps » et de l'« esprit », de la « sensibilité » et de la « raison », de la « fausseté » et de la « vérité », du « naturel » et du « culturel », du « physique » et du « moral », de l'« objet » et du « sujet », de l'« autre » et du « même », etc. — sont-ils pensés et comment ? Quels sens la « féminité » et la « masculinité » y prennent-elles et pourquoi ? Et comment la question du sens du « masculin » et du « féminin » remet-elle en question la structure et la construction des concepts fondamentaux — métaphysiques, logiques, physiques, éthiques, politiques, esthétiques — de la philosophie ?

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité : la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,
voilée par l'erreur et le mensonge
. Gravure de Madame Pezard, Paris, 1793. Source : French Revolution Digital Archive

Qu'est-ce que la « virilité » et que signifie-t-elle ? Se confond-elle avec la « masculinité » ? Pourquoi l'un des deux sexes est-il conçu comme le « Beau Sexe », le « deuxième sexe », le « sexe faible » ou même comme « le Sexe » ? Comment l'est-il et qu'est-ce que cela signifie ?
La dimension « physique » ou « naturelle » du genre sexuel signifie-t-elle que le genre sexuel soit une donnée nue, ou même vierge, ou bien s'inscrit-elle déjà, elle aussi, à l’intérieur d'une histoire et d’une pensée philosophiques dans laquelle elle prend sens et forme ? Pourquoi la surface des corps, et ce qui apparaît à même cette surface, passe-t-elle pour un espace vierge, soi disant antérieur et extérieur à toute conceptualité philosophique ? Pourquoi l'anatomie du corps passe-t-elle pour une virginité philosophique ? Pourquoi la nudité du corps passe-t-elle pour sa vérité ? — et quel est le sens de ce concept de la vérité ? Comment cette question renvoie-t-elle à l'histoire philosophique du concept de vérité, de la nudité comme vérité et de la femme nue comme image de la vérité ?

On ne naît pas femme : on le devient.

Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, t. I

Comment et pourquoi des formes et des conceptions philosophiques du « féminin » et du « masculin » peuvent-elles passer pour « naturelles » ? Pourquoi « la Nature » peut-elle représenter une source de légitimation d’une conception du « masculin » et du « féminin », et que signifie sa naturalisation ? Et pourquoi « la Nature » elle-même est-elle conçue en tant que « Dame Nature » et « Mère Nature » ?…

La relation entre culture et nature présupposée par certains modèles de « construction » du genre ; implique une culture ou une puissance du social qui agirait sur la nature, elle-même considérée comme une surface passive, en dehors du social et en constituant la contrepartie nécessaire. L’une des questions posées par les féministes est ainsi de savoir si le discours qui figure l’action de construction comme une sorte d’empreinte ou d’imposition n’est pas tacitement masculiniste, tandis que la figure d’une surface passive, en attente de cet acte de pénétration par lequel le sens est acquis, serait tacitement — voire, peut-être, de façon tout à fait évidente — féminine. Le sexe est-il au genre ce que le féminin est au masculin ?

Afin de tenter de déplacer les termes de ce débat, je voudrais demander comment et pourquoi la « matérialité » est devenue le signe de l’irréductibilité. Comment se fait-il que la matérialité du sexe soit comprise comme ce qui est seulement le support de constructions culturelles et qui, par conséquent, ne peut elle-même être une construction ? Quel est le statut de cette exclusion ? […]

Qu’implique le recours à la matérialité, dès lors qu’il est clair, dès le départ, que la matière a une histoire (et même plus d’une) et que l’histoire de la matière est en partie déterminée par la négociation de la différence sexuelle ? Il se pourrait que, nous efforçant de revenir à la matière, définie comme antérieure au discours, pour fonder nos affirmations sur la différence sexuelle, nous découvrions finalement que la matière est elle-même entièrement sédimentée par des discours sur le sexe et la sexualité qui préfigurent et limitent les usages auxquels on peut soumettre ce terme.

Judith Butler, Ces corps qui comptent : De la matérialité et des limites discursives du « sexe ». I. La matière des corps



Dossier de lectures philosophiques
Luce Irigaray, Speculum. De l'autre femme
Charlotte Witt, Ways of Being: Potentiality and Actuality in Aristotle's Metaphysics, ch. 5: Ontological Hierarchy, Normativity, and Gender
Malin Grahn-Wilder, Gender and Sexuality in Stoic Philosophy
François Poullain de La Barre, De l'égalité des deux sexes. Discours physique et moral. Où l'on voit l'importance de se défaire des préjugés
Mary Wollstonecraft, Défense des droits des femmes
Susan Bordo (Edited by), Feminist Interpretations of René Descartes
Jacques Derrida, Éperons, Les styles de Nietzsche
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe
Judith Butler, Ces corps qui comptent : De la matérialité et des limites discursives du « sexe »
Geneviève Fraisse, Muse de la Raison : Démocratie et exclusion des femmes en France ; Les deux gouvernements : la famille et la Cité
Mary Ellen Waithe (edited by), A History of Women Philosophers
Katrina Hutchison and Fiona Jenkins (edited by), Women in Philosophy: What Needs to Change?
Michael J. McNeal (edited by), Nietzsche on Women and the Eternal-Feminine: A Critique of Truth and Values. Kelly Oliver, Woman as Truth in Nietzsche's Writing

Liens

Charlotte Witt, Feminist History of Philosophy, SEP
Ann Garry, Analytic Feminism, SEP
Elizabeth Anderson, Feminist Epistemology and Philosophy of Science, SEP
Sharon Crasnow, Alison Wylie, Wenda K. Bauchspies et Elizabeth Potter, Feminist Perspectives on Science, SEP



New Narratives in the History of Philosophy visent à développer de nouvelles narrations de notre passé philosophique qui incluent centralement les penseuses femmes, et ainsi à reconfigurer, enrichir et revigorer le canon philosophique, se concentrant sur le début de la période moderne (environ 1560-1810).

Querelle est consacré aux œuvres d'auteurs qui ont contribué au côté pro-femme de la querelle des femmes. La querelle était un débat sur la nature et la valeur des femmes qui se déroula en Europe du Moyen Âge à l'époque moderne. Ce site se concentre sur les seizième et dix-septième siècles, et sur des auteurs en Italie et en France — à la fois femmes et hommes — qui ont fait circuler quelques-uns des premiers arguments féministes.

Le Project Vox cherche à retrouver les voix perdues des femmes qui ont été ignorées dans les récits standards de l'histoire de la philosophie moderne. Nous visons à changer ces récits, changeant ainsi ce que les étudiants à travers le monde apprennent de l'histoire de la philosophie.

Le Project Vox concerne un important, relativement récent, développement scientifique en philosophie : la reconnaissance qu'un certain nombre de femmes ont été injustement ignorées dans nos récits de l'histoire de la philosophie. De Mary Astell, Lady Masham, Margaret Cavendish et Anne Conway en Angleterre à Émilie du Châtelet en France, beaucoup de femmes ont joué un rôle significatif dans le développement de la philosophie moderne, mais leurs contributions sont souvent passées inaperçues. Ce site internet a trois objectifs. Premièrement, il cherche à fournir aux étudiants de tous niveaux les matériaux dont ils ont besoin pour explorer les riches idées philosophiques d'Astell, Cavendish, Conway, Du Châtelet et Masham. Deuxièmement, il vise à fournir aux enseignants le matériel dont ils ont besoin pour incorporer ces figures à leurs cours. Troisièmement et finalement, il vise à contribuer à transformer notre conception actuelle du canon.

L'histoire de la philosophie au vingtième siècle reste encore à écrire. Ces pages explore la contribution d'un remarquable groupe de philosophes qui se rencontrèrent alors jeunes femmes à l'Université d'Oxford durant la seconde guerre mondiale : Gertrude Elizabeth Margaret Anscombe, Phillipa Foot, Mary Midgley, Iris Murdoch et Mary Warnock.

Society for Women in Philosophy
Les Sociétés pour les femmes en philosophie au Royaume-Uni, en Irlande, au Canada, en Allemagne ou bien encore en Hollande ont pour objectifs de faciliter la coopération entre femmes en philosophie, soutenir les femmes en philosophie, promouvoir la philosophie par les femmes, passées et présentes, favoriser le féminisme en philosophie et la philosophie dans le féminisme, recueillir des informations d'intérêt pour les femmes en philosophie, sensibiliser la conscience publique aux discriminations à l'égard des femmes en philosophie, passées et présentes, mettre fin à la discrimination à l'égard des femmes en philosophie.